- Manon Ruffel
AsieKino, une fenêtre sur la culture asiatique
Vous la connaissez peut-être sous le nom de CinemAsian... L'association AsieKino, qui vient de se refaire une beauté en ce début d'année (nouveau nom, nouveau bureau, nouvelle identité graphique), œuvre toute l'année au sein de la métropole de Lyon pour diffuser, faire découvrir, et sensibiliser aux cinématographies asiatiques. Djahane et Audrey*, membres du bureau d'AsieKino, nous en parlent plus en détail. (Bannière : Dolls, de Takeshi Kitano, 2002)
* L'entretien ayant été réalisé en janvier, Audrey a depuis quitté l'association.
Présentez-nous en quelques mots l’historique de l’association.
L’association a été créée en 2019 par des passionné·e·s du cinéma asiatique. On a eu envie de se réunir autour d’une passion commune, pour défendre les films d’Asie sur Lyon : on trouvait qu’il y avait un manque, une vraie demande de la part des spectateur·ice·s. L’association s’est créée sous le nom de CinemAsian, mais on a récemment travaillé sur une refonte de l’association, avec un changement de bureau, et de nom. Désormais, nous nous appelons AsieKino ! On souhaitait un nom français, mais qui reste dans l’esprit du précédent.

Qui se cache derrière Asie Kino, et comment se répartissent les tâches au sein de l’association ?
Depuis un an, l’association est un peu en stand by, à cause de la situation sanitaire notamment. Pas mal de membres sont partis de l’association. On a donc élu un nouveau bureau récemment, avec des nouveaux membres. L’année passée, il y avait des personnes de toutes situations professionnelles. En ce moment, l’association est surtout composée d’étudiants. Le nouveau bureau est donc composé de Djahane, qui étudie les arts libéraux dans les humanités, un programme proposé dans la ville de Tallinn en Estonie, Claire, qui a vécu et travaillé en Asie, Clémentine, étudiante en cinéma, et Anouck. On est issues de cursus différents, ça permet d’apporter des regards différents. Mais globalement, on est plus ou moins toutes orientées vers l’art.
Comment travaillez-vous avec les structures culturelles de la métropole ?
Dès qu’on a l’idée d’un projet, on contacte des structures pour voir qui ça peut intéresser. Ces derniers temps, on a pas mal travaillé avec l’Aquarium et le Zola. C’est parfois compliqué de trouver des salles selon les projets.

Vous faites également d’autres événements, comme des ciné-tatamis (projection et démonstration d’arts martiaux), ou des projections Enigmasian (film surprise). Au-delà du cinéma, c’est aussi une fenêtre vers une culture que vous ouvrez au sein de la métropole…
Oui complètement. Déjà le cinéma en lui-même est une porte d’entrée vers pleins de médias, de civilisations différentes. Ça fait longtemps qu’on n’a pas fait de ciné-tatamis à cause de la situation sanitaire. On travaillait avec un dojo qui est sur deux étages : on préparait des mets asiatiques en bas, le deuxième étage accueillait la projection du film, puis un professeur du dojo nous faisait une démonstration juste après le film. C’est super puissant de voir une telle performance devant nous, sans le filtre de l’écran.
Jusqu’ici, vos programmations étaient très éclectiques : c'est important pour vous de ne pas vous cantonner à un genre ou une région de l’Asie mais de proposer un panorama large de la production contemporaine asiatique ?
L’ancien bureau était assez éclectique en effet ! Au sein du nouveau bureau, c’est vrai qu’on a un attrait particulier au Japon et à la Corée. Et c’est vrai que ce sont les films qui accèdent le plus au public international, et qui sont les plus faciles à se procurer. Mais on espère qu’il y aura d’autres bénévoles qui apporteront un attrait vers d’autres pays. Anouck, par exemple, a un vrai attrait pour le cinéma indien ! Pour ce qui est de la programmation, elle est basée sur des envies individuelles, sur des films qu’on a aimé et qu’on a envie de faire partager au public, mais aussi aux autres membres de l’association. On aime bien aussi partager nos découvertes entre nous.
D’où vous vient cette passion du cinéma asiatique ?
Djahane : De mon côté, c’est plutôt récent, je pense que ça a commencé vers 2019. Ma porte d’entrée a été la kpop et les animés, et petit à petit je suis allée plus loin. Je me rappelle d’une rétrospective Ozu à l’Institut Lumière, à laquelle j’étais allée par curiosité. Ça m’a ouvert la porte vers toute une cinématographie, et une vraie passion pour la culture asiatique et ses différences avec la nôtre. J’ai commencé à apprendre le coréen toute seule. J’aimerai essayer de faire un échange à Séoul.

Audrey : Moi, ça fait un moment. J’ai toujours été intéressée par la culture japonaise, avec Dragon Ball Z, One Piece. Au lycée, j’ai pris des cours de japonais, on est même partis en voyage scolaire au Japon. C’était incroyable. J’avais 15 ans, je me suis retrouvée projetée dans ce pays où j’avais l’impression de devoir tout réapprendre. Ça m’a passionnée de découvrir autant de choses différentes dont je n’avais jamais eu idée de l’existence avant. J’ai donc voulu aller plus loin à mon retour en France. Je suis allée à une projection de Takeshi Kitano. C’était la première fois que je voyais un film contemplatif, j’ai tout de suite adoré cet aspect-là. Puis j’ai découvert d’autres cinéastes, tous les films des studios Ghibli. Et ensuite je me suis intéressée au cinéma coréen.
Quelles sont vos cinéastes asiatiques fétiches ou les films qui vous ont marqué ?
Djahane : J’aime beaucoup l’aspect posé et contemplatif d’Ozu. Sympathy for Mr Vengeance et Mademoiselle de Park Chan-wook m’ont beaucoup marquée.
Sympathy for Mr. Vengeance & Mademoiselle, de Park Chan-wook (2002 & 2016)
Audrey : Moi, j’aime soit ce qui est très contemplatif, comme les films de Kitano, soit la violence assez crue. J’aime beaucoup les films de Kioshi Kurosawa car il allie un peu les deux. Côté coréen, j’ai beaucoup aimé The Chaser de Na Hong-jin : à la fin, du film, j’ai eu l’impression que tout s’écroulait sur moi, c’était incroyable. Et puis bien sûr, le cinéma de Bong Joon-ho. On avait d’ailleurs fait une vidéo sur sa cinématographie !
Justement, ces formats vidéos, c’est quelque chose que vous avez envie de perpétuer ?
Oui, complètement ! Ça demande pas mal de travail et de temps, pour faire les recherches, trouver et monter des archives qui sont parfois en anglais, faire la traduction etc… Mais on aimerait notamment faire une vidéo sur le premier Godzilla, et comment il a été perçu par le public américain.
Quels sont vos futurs projets ?
Audrey : On a vraiment envie de repartir à zéro avec ce nouveau bureau. On a un nouveau nom, un nouveau logo et un nouveau site. On a lancé un appel à bénévoles pour que l’association s’enrichisse de membres. On a créé un Discord, pour que les gens puissent nous rejoindre, avec des canaux de discussion. Sur les réseaux sociaux comme Instagram, on continue la recommandation de films et le partage de découvertes.

Djahane : Sinon, on a plusieurs projets pour les mois à venir. En janvier, on a présenté une séance de Kitano à l’Aquarium. En février on aimerait organiser un quiz sur le cinéma asiatique. En mars, on va projeter une séance de courts métrages coréens à l’Aquarium. On a entamé un partenariat avec le Festival du Film Coréen à Paris, on est en contact avec le programmateur des courts métrages. On a découvert pleins de films courts intéressants, on aimerait diffuser ce format régulièrement. Et puis on aimerait continuer les événements virtuels, comme des Netflix party (on en a d’ailleurs fait une en février), ou des lives sur Instagram.
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