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  • Olivier

CLAIRE BLIN (PANAME)

Nous avons demandé à différents professionnels du cinéma de répondre à quelques questions pour évoquer leur métier. Aujourd'hui, Claire Blin, Assistante de programmation chez Paname.


Seize printemps, de Suzanne Lindon (sortie prévue le 9/12/2020)

1/ En quoi consiste ton métier ? Je suis programmatrice, c’est-à-dire que je contacte les salles de cinéma pour placer le film que nous sortons dans les grilles de programmations de celles-ci, pour les sorties nationales mais aussi pour les sorties « en décalé », soit en 3ème, 4ème, 5ème semaine ou plus encore, ainsi que dans les festivals. Mon but n’est pas d’imposer le film aux salles mais d’essayer de le défendre au mieux, de justifier sa raison d’être dans une programmation pour prôner la diversité du cinéma, de proposer des alternatives au cinéma plus « mainstream ». Il s’agit aussi d’écouter les programmateurs et programmatrices des salles qui connaissent leur public et entretiennent une étroite relation avec lui, pour comprendre quelle est leur ligne éditoriale et, plus important encore, comprendre la sociologie des salles, du public et ainsi comprendre comment placer au mieux notre film pour qu’il trouve sa meilleure place.

Je coordonne par ailleurs le suivi du matériel, des entrées et, lorsque l’occasion se présente, la logistique pour la venue de la réalisatrice ou du réalisateur quand elle ou il présente son film dans les cinémas.


Bacurau, de Kleber Mendonça Filho & Juliano Dornelles

2/ Comment définirais-tu la ligne éditoriale de Paname ?

Paname Distribution défend des films en marge des sentiers battus, de tous horizons (France, Brésil, Italie, Tunisie, Argentine, Etats-Unis, Israël, Angleterre… le premier film de Paname était un film kazakh !) et, ces derniers temps, beaucoup de films de femmes ou de portraits de femmes, notamment des premiers films. Il y a beaucoup d’optimisme et d’enthousiasme dans cette démarche de présenter des premiers films, une belle preuve de confiance dans la nouvelle génération de réalisatrices et de réalisateurs, dans les gestes de cinéma.

Il me semble par ailleurs qu’il s’agit souvent de portraits, de moments de vie où un épisode critique amène le ou les personnage.s à mettre en avant leurs convictions, leurs doutes, leur liberté, à s’engager dans cette quête pour découvrir leur véritable identité et à comprendre le monde qui les entoure. Le contexte politique et social du pays est souvent mis en avant, le personnage fait parler son environnement, son temps, nous dit quelque chose du monde et de l’actualité. Bref, nos films ont, me semble-t-il, une portée vraiment sociologique voire politique en plus d’une dimension artistique.

Je danserai si je veux, de Maysaloun Hamoud

3/ Comment te représentes-tu le métier de distributeur dans les années à venir ?

Je n’ai pas connu l’âge d’or de la distribution, lorsque les films n’avaient pas autant de concurrence, pouvaient fonctionner grâce au bouche-à-oreille, avaient la possibilité de s’installer sur du long terme. Je n’ai bien sûr pas toutes les clefs en main pour répondre à cette question mais je pense que ce métier devra tout le temps négocier, que ce soit avec tous les nouveaux services de VOD, avec de plus en plus de propositions cinématographiques, toutes les nouvelles offres culturelles qui font de la concurrence directe avec les salles – comme c’est déjà le cas maintenant. Il faudra défendre les films pour ne pas qu’ils sortent directement sur les plateformes, défendre leur valeur cinématographique, au sens artistique du terme mais aussi au sens du cinéma, de la salle, de l’expérience commune de la projection, ce qui est un vrai enjeu, d’autant plus aujourd’hui. Pour ceci, travailler au plus près des salles et faire en sorte que le film existe dans la tête du public en amont (ce qui résume déjà la situation actuelle).

Heureusement, en France, le cinéma a encore de beaux jours devant lui et beaucoup de personnes motivées pour le défendre corps et âme.

Ce qui me fait peur, c’est que les « gros » distributeurs grignotent peu à peu les plus « petits » et qu’il ne reste bientôt plus que quelques sociétés pour acheter les films, et que les plus petites sociétés ne puissent plus défendre les films qui étaient autrefois à leur portée, à leur échelle. Si toute l’offre cinématographique se concentre sur une poignée de distributeurs, il se peut que les films en pâtissent, notamment ceux qui auraient été pris à bras le corps et poussés à fond par les petites sociétés. C’est un peu la même bataille que pour les hypermarchés et les petits producteurs : l’idéal serait de pouvoir rester à échelle humaine, comprendre et connaître les enjeux de son interlocuteur et la valeur de son produit. Il faudrait que les deux puissent continuer à cohabiter et à échanger sans que les premiers prennent le pas sur les deuxièmes.

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