- Quentin D.
David Chaverondier (arp Sélection)
Dernière mise à jour : 7 déc. 2020
Nous avons demandé à différents professionnels du cinéma de répondre à quelques questions pour évoquer leur métier. Aujourd'hui, David Chaverondier, responsable des ventes chez ARP Sélection.

1/ En quoi consiste ton métier ?
ARP Sélection produit ou achète les droits de distribution d’une quinzaine de films par an.
Mon métier consiste à « vendre » ces films aux exploitants de salles de cinéma dans toute la France dans l’espoir qu’ils les proposent à leur public, qu’ils les programment.
Cela suppose de bien connaître les particularités de chaque cinéma de France car on ne sort pas « n’importe où ». Il convient d’établir un plan de sortie pour chaque film, qui se limite aux grandes villes ou au contraire prévoit de servir les coins de France les plus reculés, en retenant les salles les plus adaptées à sa typologie, lorsqu’il y a des concurrents au sein d’une même zone de chalandise. 2/ Comment définirais-tu la ligne éditoriale de ARP ?
Art et essai, ambitieuse, découvreuse de talents (Wong Kar-Wai et tout récemment Balagov), invite au voyage avec des films du monde entier y compris de pays « rares » (Islande, Guatemala, Mongolie…).
ARP sort parfois des films « grand public » de manière à pouvoir prendre des risques sur ces films exigeants. Ainsi nous avons tout de même au catalogue la franchise Taxi, ainsi que les derniers films de Jean-Paul Rappeneau (Bon Voyage, Belles familles). 3/ Comment l'actuelle crise du Covid a-t-elle impacté ARP et votre façon de travailler ?
La crise de la Covid a totalement stoppé notre activité dans la mesure où les salles de cinéma, nos points de vente donc, étaient fermés. Seul le département acquisition a pu maintenir une activité en visionnant des films dont les droits restent à acquérir.

4/ Penses-tu que la façon de voir des films va être durablement redéfinie ? Quel serait l'impact sur les salles de cinéma ?
La sortie au cinéma est une pratique fortement ancrée dans la culture française. Bien plus qu’en Allemagne par exemple. Par conséquent, une grande partie du public qui allait au cinéma continuera à s’y rendre pourvu que l’offre reste diverse et qualitative. Je suis plus inquiet pour ce qui est de certains jeunes spectateurs qui n’ont pas pris cette habitude et peuvent se satisfaire de découvrir des films sur ordinateur voire sur téléphone. 5/ Idéalement, quels sont les films que ARP va proposer à la réouverture des salles ?
Nous allons redémarrer avec la ressortie du Coréen Peninsula, suite de Dernier train pour Busan, dont la carrière a été interrompue au commencement de sa deuxième semaine.
Puis le 30 décembre, nous allons sortir L’Affaire Collini, un film allemand adapté d’un best-seller de Ferdinand von Schirach qui dévoile un aspect méconnu de l’histoire allemande dans les années qui ont suivi la guerre de 39-45.

6/ Comment te représentes-tu le métier de distributeur dans les années à venir ?
Il faut avoir les reins solides. De nombreux distributeurs fragiles devraient avoir du mal à poursuivre leur activité. Les majors américaines ne sont pas à l’abri pour autant à une autre échelle. On assiste partout à une concentration des acteurs de l’exploitation cinématographique. On peut imaginer qu’en matière de distribution, ce soit le cas également, comme la fusion Fox-Disney en a d’ailleurs montré la voie.
7/ Pour conclure, quels sont tes recommandations et coups de cœur de 2020 ?
Je pense que la question porte sur les films ARP ! Mon coup de cœur s’appelle Les Séminaristes, un film tchèque, un vrai petit bijou que nous sortirons le 10 février 2021.
L’histoire de deux séminaristes en Tchécoslovaquie en 1980 qui voient bien que l’Eglise est persécutée par le régime communiste. Que faire ? Se soumettre à la police secrète ou rester fidèles à leurs convictions ? Noir et blanc superbe, atmosphère étouffante, séquences qui flirtent avec l’expérimental… Un incontournable pour les cinéphiles à la recherche d’expériences !
