top of page
  • Michel Dulac

El Empleado y el Patrón de Manuel Nieto Zas

Tout est dit dans le titre... ou presque. L’employeur est un jeune homme qui a hérité d'une estancia (exploitation agricole) et qui semble avoir tout pour lui. Pourtant il est en proie à une inquiétude : la santé de son bébé. L’employé est lui aussi héritier, mais c'est du métier de peon (ouvrier de ferme). Celui-ci est à la recherche d’un travail pour subvenir aux besoins de son nouveau-né, alors lorsque le premier lui propose de l’embaucher pour travailler dans sa ferme, il n'hésite pas. Le décor est planté. (Bannière : El Empleado y el Patrón © Eurozoom)

 

Le réalisateur uruguayen qui maîtrise parfaitement le contexte rural « gaucho » va échafauder son scénario entre trame contemplative et drame social, en flirtant par moment avec le western... et même le thriller. Faire du cinéma pour Manuel Nieto Zas c'est « rencontrer les personnages que je crée, m'impliquer dans leur vie. Il faut qu'il y ait avec eux une expérience, une sorte d'aventure qui m'enrichisse... », affirme-t-il lors d’une interview au Festival de San Sebastián. Malgré leurs différences de classe, une relation curieuse va naître entre ces deux hommes, allant même jusqu'à une certaine empathie. Les deux pensent avoir un intérêt commun et en se respectant, ils commencent à travailler ensemble, jusqu'au jour où survient un accident qui va rabattre les cartes et faire se creuser le fossé qui les séparent, d'autant que chez l'employé est ancrée l'idée qu'il est inconcevable qu'on puisse remettre en cause une hiérarchie sociale établie de façon immuable. Ce rôle est interprété par Christian Borges, jeune acteur très convaincant, tandis que l'employeur est joué par Nahuel Pérez Biscayart que le public français a découvert avec 120 battements par minute.


© Eurozoom

Le réalisme d'un cadre bucolique avec peu de dialogues va laisser la place à une tragédie sociale. Les épouses des deux protagonistes sont également des personnages clés du film. Au début, il semble que leurs rôles soient plutôt secondaires, mais, petit à petit, elles prennent de l'importance. Toujours à San Sebastián, Manuel Nieto Zas affirme : « Au moment où ils parviennent à un accord, le conflit que je voulais créer dans le film s'épuise. Pour garder la tension jusqu'au bout, ce sont elles qui prennent les rênes et entretiennent ce malaise jusqu'à la dernière minute. De plus, elles osent dire de grandes vérités, ce qui manque aux hommes... ».


Manuel Nieto Zas © Photo Laura Morsch-Kihn assistée de Yuri Martinez
Le réalisateur Manuel Nieto Zas

Manuel Nieto Zas (Montevideo, 1972) fait partie de la nouvelle génération du cinéma uruguayen. Après avoir étudié les sciences de la communication et travaillé quelque temps à la télévision, il co-réalise un court métrage Nico et Parker tout en travaillant comme assistant réalisateur sur les films de Juan Pablo Rebella et Pablo Stoll : 25 Watts et Whisky. En 2006, il écrit et réalise son premier long-métrage La Perrera (La Meute) qui reçoit le prix Tiger au festival de Rotterdam. En 2007, il fonde sa propre société de production Roken Films, ce qui lui permet de produire en 2013 El Lugar del Hijo qu’il a lui-même écrit et réalisé. La première a lieu au Festival de Toronto et le film remporte, entre autres, le prix FIPRESCI au Festival du film de La Havane. El Empleado y el Patrón, sélectionné en 2021 à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes, est son troisième long-métrage. Il faisait partie de notre programmation des 38ème Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain en mars dernier.


Nahuel Pérez Biscayart

Nahuel Pérez Biscayart

Le rôle du patron est tenu par un acteur qui n'est pas inconnu des écrans français, et en particulier celui du Zola. Depuis quelques années, Nahuel Pérez Biscayart s'est en effet émancipé de son Argentine natale (Buenos Aires, 1986) pour une belle carrière internationale. En 2018, il est « Césarisé » comme Meilleur espoir masculin pour 120 battements par minute. Après El Empleado y el Patrón et Les Leçons Persanes de Vadim Perelman, on pourra également le retrouver dans un film d'Isaki Lacuesta, Un Año, una Noche, dans lequel il interprète un survivant de l'attaque terroriste du Bataclan en novembre 2015.


 

Le film Employé/Patron est projeté au Zola le samedi 23 avril à 13h30, dimanche 24 avril à 16h15, et le mardi 26 avril à 16h45.


Article rédigé par Michel Dulac dans le cadre de la 38ème édition du Festival des Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain.

51 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page