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  • Mathilde

L'atalante

Dernière mise à jour : 5 mars 2021

Cette semaine, continuons notre tour de France des exploitants de cinéma avec le témoignage de Sylvie Larroque, codirectrice du cinéma d'art et d'essai l'Atalante. Cette salle, située à Bayonne, est à l'origine le cinéma le plus ancien d'Aquitaine, inauguré en 1913.


Comment décririez-vous le travail d'exploitation mené à l’Atalante ?


En ce qui concerne le travail mené au sein de l’Atalante, cinéma au statut associatif, nous avons pour mission de valoriser et de défendre un cinéma « de qualité » (je reprends là le terme utilisé dans nos statuts) pour le porter auprès du plus grand nombre. Cela passe par une politique d’animation dynamique avec l’accueil de nombreux invités (cinéastes / professionnels du cinéma / intervenants divers) et par un travail de médiation, avec notamment un volet important autour de l’éducation à l’image en direction du public scolaire mais aussi hors temps scolaire.

Dans l’idée de favoriser la convivialité et l’attractivité du lieu, nous avons aussi développé une activité de bar/restauration que nous gérons en direct, en mettant à profit l’architecture atypique du lieu - cinéma rénové en 2019 - et l’emplacement privilégié du cinéma au bord du fleuve, avec une terrasse, la possibilité d’organiser des concerts, des Dj sets, etc.


L’une des singularités de l’activité de l’Atalante est le travail mené autour du cinéma basque, avec plusieurs films distribués sur tout le territoire depuis 2013. Aujourd’hui, notre activité s’est recentrée plutôt sur la diffusion (N.D.R : avec la création de Gabarra Films, en partenariat avec l’Institut Culturel Basque et Cinévasion), dans l’idée de mettre en lumière le dynamisme d’une production, en langue basque - mais pas seulement - repérée notamment en festival (comme le Festival international de Saint Sébastien) mais qui ne bénéficie pas d’une visibilité de l’autre côté de la frontière. Aujourd’hui, c’est en train de changer, et c’est tant mieux (prochains films d’Eugène Green ou de Pablo Agüero tournés en basque et bénéficiant d’une distribution en France).


En vue de la réouverture des salles, comment préparez-vous cette reprise d'activité ?


Pour l’instant, ayant été un peu refroidis par les différents allers-retours du gouvernement et la non-réouverture du 15 décembre, nous nous sommes mis un peu « en veille » en ce qui concerne la programmation. La majeure partie de l’équipe bénéficie du chômage partiel, mais nous en profitons aussi pour avancer sur certains projets comme le chantier de la communication, avec la réalisation d’un nouveau site internet, et les questions que cela amène autour de notre projet culturel. Nous préparons aussi la prochaine édition de notre temps fort annuel, les Rencontres sur les Docks, prévu en principe début avril mais avec la possibilité d’un report. Nous essayons aussi tant bien que mal d’entretenir le lien avec le public. Cela passe par les réseaux sociaux, mais aussi par des propositions de séances virtuelles quand l’occasion se présente, comme une journée spéciale autour de Frederick Wiseman fin janvier avec La 25ème heure et Météore films. Il y aussi le service VOD de La Toile, utilisé régulièrement par nos spectateurs.


Comment vous représentez-vous actuellement le métier d’exploitant ?


C’est un métier assez complet, qui demande de bonnes capacités de gestion, mais aussi de l’innovation permanente. A l’Atalante, c’est une direction bicéphale, et je m’occupe pour ma part plutôt de la partie « artistique ». C’est un métier de passionné.e, qui demande d’être toujours en éveil, de voir les films, de les aimer pour les porter auprès du public, dans un contexte concurrentiel assez fort. Je crois qu’aujourd’hui l’enjeu est aussi de ne pas devenir des salles-ghetto pour public vieillissant et privilégié, mais d’arriver à se renouveler pour donner envie aux gens de sortir de chez eux et de venir partager ensemble des émotions et des moments un peu uniques.


La pandémie a sans doute accéléré ce qui était en germe ou visible depuis un moment (problèmes de concurrence, puissance des plateformes, tensions avec les distributeurs, accélération des sorties…). C’est sans doute un vœu pieu, mais j’aimerais bien comme y ont invité les distributeurs indépendants du DIRE (Syndicat de distributeurs indépendants) dans une tribune récente, que cet épisode sanitaire soit l’occasion d’un changement de paradigme et qu’on réfléchisse à nos manières de travailler. Car on est tous pris dans une forme d’asphyxie extrêmement frustrante car elle nous donne parfois le sentiment de mal faire notre métier. Je crains aussi que les questions d’équilibre économique (fondamental pour une structure comme la nôtre, qui fait vivre une équipe de 15 personnes et subventionnée à environ 1/4 de son budget) deviennent de plus en plus prégnantes. En tant que cinéma art et essai et salle Recherche, on se pose en permanence la question de la diversité, mais c’est un aspect qui devient parfois difficile à tenir.


Merci à Sylvie Larroque pour son témoignage, son temps et sa considération.

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