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  • Olivier

Le Tracassin : Le Prix Courteline 1961 est attribué à...

Qui se souvient du Prix Courteline, qui fut créé en 1930 pour récompenser « l’humour cinématographique » ? Bourvil, Fernandel, Annie Girardot, Michel Audiard… y eurent droit. Laurent Ruquier aussi, pour une raison qui échappe même aux moteurs de recherche (à l’exception d’une photo avec Jean-Pierre Coffe). Quoiqu’il en soit, Bourvil reçut un jour ce prix pour un film qui, parmi la soixante que compte sa filmographie, ne figure pas parmi les plus connus : Le Tracassin ou les plaisirs de la ville, réalisé en 1961 par Alex Joffé. Sortant d’une collaboration réussie dans l’émouvant Fortunat, où il partageait l’affiche avec Michèle Morgan, le réalisateur et le comédien se retrouvent donc dans cette comédie parisienne, menée tambour battant, qui nous donne l’impression de regarder un Tati sous acide.



Initialement intitulé Les Plaisirs de la ville, le film se voit affublé au moment de sa sortie (pour la trêve des confiseurs) d’un deuxième titre « Le Tracassin » suite à une allocution du Général de Gaulle. Nous suivons dans ce film modeste la journée d’un certain André Loriot dans Paris. De son réveil contrarié dans son petit appartement fonctionnel à son arrivée au travail, où il retrouve sa fiancée, interprétée par la marseillaise Pierrette Bruno (dont ce sera le dernier film à 33 ans, avant de se consacrer au théâtre), le personnage de Bourvil joue sa partition comme il sait le faire à merveille. Il déambule dans sa 2CV cabossée dans le Paris du début des années 60, bousculé par un patron impulsif et boosté par un euphorisant qui le mettra finalement dans le pétrin.



Si ce n’est pas le film du siècle, il arrache quand même quelques sourires et nous gratifie de quelques répliques qui laissent sur le carreau. Certaines tapent dans le mille, même si le comique de situation l’emporte, d’autres au contraire laissent pantois ! J’en veux pour preuve deux scènes qui auraient de surcroit pu être coupées au montage tant elles ne grandissent ni le scénario ni son auteur : la première nous donne à voir la négociation entre Bourvil et un investisseur potentiel pour le produit miracle que son patron lui demande de vendre. L’entrepreneur allemand - affreusement mal interprété - reluque ces dames de manière consternante. On aurait pu en rester là dans le mauvais goût, mais c’est de manière inattendue que Bourvil achève (littéralement) la séquence d’un cinglant « Elles sont toutes pareil, sauf ma Juliette bien sûr » quand le riche allemand semble arriver à ses fins auprès d’une de ses « proies ». La deuxième scène voit ladite Juliette expliquer à son Jules « qu’une cuisine, c’est si important pour une femme » face à un Bourvil impassible. Toute une époque.



Passées ces petites séquences évitables, Le Tracassin réussit malgré tout quelques tours de passe-passe bien sentis, comme la descente hilare dans le sous-terrain tandis que son plan initial dégringole, ou ce petit numéro d’acteur quand il se change à la va-vite dans une voiture devant une école et de enfants riant aux éclats de sa situation inconfortable. Pas sûr que ce genre de séquence passerait si bien aujourd’hui, même s’il n’y a pas l’once de malveillance ici.


Une bonne comédie qui fleure sans artifice un Paris révolu et ancré dans son époque.



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