- Manon Ruffel
Le Zola reprend la Quinzaine
Dernière mise à jour : 24 sept. 2021
Cette année encore, la Quinzaine des Réalisateurs a surpris, ému, proposé des regards singuliers aux spectateur·ice·s cannois·es. Ce Festival, créé en 1969 en parallèle du Festival de Cannes, révèle chaque année son lot de nouveaux talents, et confirme celui de cinéastes déjà reconnus. Pendant le mois de septembre, le Zola programme six films issus de la sélection de la Quinzaine.

La reprise de la Quinzaine au Zola s’est ouverte le 15 septembre avec la projection d’Ali & Ava, un drame sensible, intime et musical de Clio Barnard, qui avait déjà marqué les esprits avec Le Géant égoïste également présenté à la Quinzaine en 2013, inspiré du conte d’Oscar Wilde, puis Dark River en 2017. Ali & Ava raconte l’étincelle créée par la rencontre entre deux êtres abîmés et noyés dans leur quotidien au cœur de la ville de Bradford. « J’ai vraiment voulu donner la priorité à la lutte intérieure des personnages, par exemple la difficulté d’Ava à refaire confiance. Je voulais qu’on voit le film comme un paysage intérieur. », affirme la réalisatrice après la projection du film à Cannes. Ce film britannique a été présenté en avant-première au Zola, avant sa sortie en février 2022.

Jean-Gabriel Périot, réalisateur spécialiste des archives filmiques et photographiques et des luttes sociales, a également présenté son nouveau film cet été, Retour à Reims [Fragments]. Il sera projeté en avant-première au Zola le 20 septembre à 20h30. Le documentariste s’intéresse cette fois-ci à la représentation de la classe ouvrière française depuis les années 1950. « Quand j’ai fait les recherches d’archives pour le film, ça a confirmé la sous-représentation de la classe ouvrière dans les représentations publiques. […] A la fin des années 70, la représentation de la classe ouvrière est caricaturale, voire moqueuse, notamment à la télévision. […] Jusque dans les années 80, il y a même des figures de travail qui ne sont pas ou très peu représentées, comme les femmes de ménage, par exemple. » raconte-t-il à Cannes après la projection du film. Accompagnées du texte de Didier Eribon que l’actrice Adèle Haenel interprète, les images d’archives font défiler les époques et les différents moments forts des luttes ouvrières. Retour à Reims [Fragments] sera en salle en mars 2022.

C’est d’ailleurs au sein d’une équipe de femmes de ménage que s’infiltre anonymement l’écrivaine Marianne Winckler (Juliette Binoche) dans le film Ouistreham qu’Emmanuel Carrère a présenté à la Quinzaine et que le Zola a projeté le 17 septembre à 20h30. Pour un ouvrage sur la précarité au travail, Marianne tente de se confronter à la réalité cachée et invisibilisée de ce groupe de femmes (jouées par des actrices non-professionnelles), une précarité transcendée par la sororité qui les unit. Lui-même auteur de nombreux romans (L'Adversaire pour n’en citer qu’un), Emmanuel Carrère met adapte ici un ouvrage autobiographique de Florence Aubenas, Le Quai de Ouistreham, et met en scène en miroir une figure d’autrice : « Contrairement à Florence qui se revendique comme journaliste, il est vrai que j’aime me mettre en scène avec mes doutes et mes états d’âmes, et c’est vrai que je me suis projeté en Marianne. », affirme-t-il d’ailleurs lors de la projection. Ouistreham sera visible en salle en janvier 2022.
Le Festival des Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain, rendez-vous incontournable du Zola, qui commence le 22 septembre, accueillera également trois films de la Quinzaine : Clara Sola, premier film de la costaricienne-suédoise Nathalie Álvarez Mesén, sera projeté le jeudi 23 septembre à 20h45 ; Journal de Tûoa, un film portugais de Miguel Gomes et Maureen Fazendeiro tourné pendant le confinement, est programmé le samedi 25 septembre à 18h30, suivi de Medusa d’Anita Rocha da Silveira, un film d’épouvante brésilien, à 20h45. L’occasion de découvrir ou redécouvrir des propositions singulières de cinéma.