- Olivier
Lucie Plumart (UFO distribution)
Dernière mise à jour : 11 nov. 2020
Nous avons demandé à différents professionnels du cinéma de répondre à quelques questions pour évoquer leur métier. Aujourd'hui, Lucie Plumart, chargée de programmation province, festivals et tournées chez Ufo Distribution.

1/ En quoi consiste ton métier ? Mon métier, en tant que programmatrice chez UFO Distribution, consiste à faire découvrir des films choisis par notre boîte, aux spectateurs. Mais toute l'importance de notre métier réside dans le fait que ces films ont été écrits, produits, réalisés et pensés pour la salle, avant tout ! La qualité de l'image, du son, de la mise en scène, ne peuvent trouver leur véritable écho et ampleur, que dans les conditions de projection optimales, que nous offrent les salles de cinéma.
Aussi, mon travail se diviserait en 3 étapes : - la programmation en festivals - la promotion du film en avant-premières avec ou sans équipe - la programmation en salles, pour la sortie nationale puis les continuations sur les semaines suivantes Ce que je voudrais rappeler ici, c'est l'importance et l'existence de la chronologie des médias. Un film doit d'abord sortir en salle de cinéma avant de pouvoir passer sur d'autres médias. Cette chronologie, permet de donner la priorité aux salles. Il ne peut sortir en VOD et DVD que 4 mois après. Puis sur des chaînes télé 1 à 2 ans après. Et c'est seulement 3 ans après sa sortie en salle, qu'il peut exister sur les plateformes par abonnement (SVOD), comme Netflix. Si cette chronologie n'existait pas, et que le film existait en simultané sur internet et en salle, il y aurait fort à craindre une baisse conséquente des entrées, au profit du petit écran. Notamment chez un public plus jeune, déjà habitué à ces médias. De fait, si un film devant sortir sur cette période, passait sur La Toile ou Netflix, il se priverait de toute exploitation en salle, qui doit avoir la primauté. Il faut savoir qu'en plus du travail de programmation, nous faisons un gros travail marketing afin de créer une identité au film et l'amener au public (affiche, bande annonce, travail avec la presse, partenariats...). Nous dépensons un budget dit de « frais d'éditions » conséquent pour cela, et faisons donc un vrai travail éditorial, que ne font évidemment pas les plateformes pour chaque titre.

2/ Comment définirais-tu la ligne éditoriale de UFO ? Nous avons une ligne éditoriale éclectique mais cohérente, qui est caractérisée par des œuvres toujours singulières et originales, aussi bien dans leur fond que dans leur forme. Comme on aime à dire, ce qu'on recherche c'est le « petit pas de côté ». Mais on peut diviser notre line-up en deux catégories :
- D'un côté, des films sociaux et engagés comme les films de Sébastien Betbeder (2 automnes, 3 hivers ou Le Voyage au Groenland), Le Procès contre Mandela et les autres, Willy 1er...
- D’un autre côté, des films de genre, souvent décalés voir hybrides comme les films de Quentin Dupieux (Rubber, Wrong...), Les Garçon sauvages (Bertrand Mandico), Diamantino (Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt)...
On cherche toujours à être surpris et à surprendre. A continuer de nourrir notre curiosité et celles de nos spectateurs.

3/ Comment te représentes-tu le métier de distributeur dans les années à venir ? Question très difficile pour moi. Je n'aime pas me projeter si loin, et je crains que cela soit compliqué, d'autant plus dans le contexte actuel. Je suis juste convaincue que les gens continueront à aller en salles, malgré cette crise. On a vu que le public revenait, qu'il s'était même précipité dans les salles les jours de couvre-feu, en signe de soutien et d'amour pour ces lieux. Je crois cependant qu'il est plus qu'urgent que nos syndicats se fédèrent afin de réguler nos pratiques : interdiction de décaler une sortie après un certain délai, mise en place d'une multiprogrammation plus évidente afin d'éviter la surexposition de certains films qui continuent de demander un nombre de séances et semaines exorbitant...